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17/12/2016

Souvenirs

 

REACTIONS

28 aout 2012

J’en reviens donc à mes souvenirs de petite fille, déjà très créative. Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours lutté contre l’injustice et la cruauté. La souffrance des autres me transperçait au point de devenir la mienne. La voir jouée dans un film me faisait oublier le jeu de l’acteur et les trucages. Elle devenait réalité au point de me rendre malade et insomniaque. J’ai compris très vite que les films d’horreur et les thrillers psychologiques n’étaient pas pour moi. Mais je ne voulais pas montrer à ma famille ou mes amies cette sensiblerie exagérée, et je préférais faire semblant de supporter les images pénibles… en fermant les yeux. Longtemps, elles ont hanté mes nuits. Plus tard, je leur ai donné un sens. J’ai milité contre la discrimination, l’intolérance, l’incompréhension, en abordant dans mes bandes dessinées les sujets du handicap physique, de la maladie, de la violence, des animaux domestiques ou sauvages menacés ou maltraités… Pour moi, l’Amour est le plus fidèle des guides. Il rend beau celui qui l’accueille et le donne. Condamner certaines personnes parce que leur sentiment amoureux n’entre pas dans une norme basée sur la majorité me révolte. Se moquer de quelqu’un parce qu’il aime une personne de son sexe me dépasse. Celui qui critique la dame qui pleure le décès de son animal préféré me pousse à lui répondre : « L’amour ne devrait avoir aucune limite, si ce n’est le respect de la personne à qui il s’adresse. »

20 septembre 2012

Il y a 31 ans, je m’apprêtais à voir naître un nouveau personnage, que mon corps préparait depuis neuf mois. Un vrai. Ma petite fille. Pour Christelle, j’ai aussi voulu raconter des histoires. Donner paroles et images à ses personnages préférés dans de petits livres confectionnés spécialement pour elle. Après ses quatre ans, je l’ai encouragée à les lire elle-même. Pour l’aider, j’utilisais les mots de son vocabulaire, avec de courtes phrases. Assise par terre dans sa chambre, j’ai partagé ses jeux, plus féminins que les miens. Barbies, princesses, jolis habits, mais aussi animaux et petites voitures prenaient vie dans ses petits doigts. Je voyais en elle la fille que je n’étais pas vraiment. J’ai vécu avec Christelle une deuxième enfance avec émerveillement.  

Mon bébé a grandi. Moi aussi, dans ma tête… Pourtant s’y trouve aussi celle que j’étais.

Adolescente, j’avais déjà imaginé que Francis pouvait être le père d’une gamine comme moi. Aujourd’hui, le suivre et le connaître avec le regard de mes quatorze ans m’amuse. L’exercice a clarifié quelques zones floues de cette époque de ma vie encore pleine de promesses et de perspectives. Mais si le physique et le caractère de Jenny s’apparente au mien, au même âge, ce sont nos seules similitudes. Son histoire est plus sinueuse que la mienne. Elle est entrée, suite à un naufrage, dans l’existence bien réglée de Francis Delphy. A douze ans, elle découvre que son vrai père n’est pas mort en mer avant sa naissance, selon la version de sa mère. Francis, lui, se sent trahi par la mère de Jenny. Pourquoi ne lui a-t-elle pas annoncé que cette vie germait en elle ? Il aurait refusé ce nouveau contrat avec la Navy, alors que la guerre menaçait au Viêt-Nam, pour rester avec Daisy. Quand il est revenu au pays, elle était partie sans laisser d’adresse en emportant son secret. Combien d’histoires amoureuses se terminent ainsi sur un non-dit ou un quiproquo ?

Me voici donc intégrée physiquement dans le monde parallèle que je me créais déjà en 1975 : à bord d’un sous-marin très perfectionné, plus destiné à l’exploration et la recherche scientifique qu’à la guerre. Bien qu’il transporte torpilles et missiles au cas où… Une fille au milieu des hommes, dans un espace restreint, en pleine mer, à des centaines de mètres de profondeur. De quoi faire flipper ? Voilà matière à de nombreux sujets : la découverte d’un monde sous-marin mystérieux, l’aventure, l’anticipation, le suspens, l’étude sociologique des membres de l’équipage, l’évolution intérieure et spirituelle de Francis. Par conviction, je préfère impliquer le SSN Poséidon dans des missions à but écologique, scientifique ou humanitaire. J’aime aussi ce paradoxe d’imbriquer des technologies plus actuelles, considérées comme futuristes par ces marins d’il y a quarante ans. Oui, pour conserver intacts mes souvenirs d’adolescente, je garde l’atmosphère et le cadre de vie telle qu’il était à cette époque.

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07/11/2016

Mais QUI est-il?

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INTERROGATIONS (partie 2)

28 mai 2012

Je suis en vacances, au bord de la mer. A cette époque, le camping est presque vide. J’ai enlevé ma montre. Danny rattrape les trop courtes nuits du reste de l’année par de fréquentes grâce-matinées. Nous nous laissons enfin guider par nos rythmes naturels. Les repas sur la terrasse du mobil home se prolongent par des conversations ou des jeux. Je dessine, j’écris, je crée pendant que mon conjoint se plonge dans des lectures plus informatives et techniques. Mon esprit se repose durant les promenades dans les dunes ou sur la plage. Je m’abandonne à l’eau salée et je reviens en pensées aux côtés de mon sous-marinier préféré. Pour lui, cet élément liquide fait partie de son quotidien. Je l’envie. On désire toujours ce que l’on n’a pas. Je viens d’un pays magnifique, entourée de plaines, forêts, lacs et montagnes. Il ne manque que la mer. Le lac me permet de rêver un peu, mais si peu… Alors je laisse mon esprit créatif s’occuper du reste. Et bon sang, il se débrouille plutôt bien ! J’oriente mes lectures vers mes sujets. Tout y passe : documents sur la marine, sur et sous la mer. J’essaie de comprendre le fonctionnement des machines, le mode de vie des cétacés, la biologie de ce monde profond. Je lis des romans sur le même sujet. Je triture internet dans tous les sens. Je deviens boulimique. Toutes ces informations s’accumulent dans ma tête, se brassent, macèrent et me restituent par vagues parfois tempétueuses des éléments précieux pour mon histoire. Mon personnage y trouve sa place. Ce qui l’entoure le rend encore plus vivant.

Comme Francis est mon complément masculin, il commence par se montrer très macho, enclin à la drague et à la bagarre. Plutôt extraverti et amusant, avec son physique un peu rond, il inspire confiance. Je n’ai jamais aimé les muscles saillants. Rien à voir avec les héros américains des années soixante ! Militaire, il est resté par choix sous-officier dans la marine, engagé depuis six ans à bord du sous-marin Poséidon. Un milieu exclusif, réservé aux hommes, confiné, où la vie privée et le travail s’entremêlent. Sa position de chef d’équipage, subordonné aux officiers, lui permet une relation directe avec chacun. Il doit montrer l’exemple et faire exécuter ses ordres. Situation qui lui convient, surtout dans ses périodes de doute où sa position lui donne de l’assurance. Loyal et courageux, un peu rêveur, presque utopiste, il préfère s’appuyer sur les décisions de ses supérieurs pour se donner bonne conscience.  Mais il ne les suit jamais aveuglément. Si une action dépasse ses convictions, il est capable de s’y opposer. Plusieurs fois, il a frisé le rapport d’insubordination et la dépose de ses galons. Sa sympathie, sa générosité et ses actes de bravoure sont pris en compte. L’amiral et le capitaine sont devenus ses amis et ils se montrent souvent compréhensifs.

Comment m’est venue cette idée saugrenue de confronter Francis à un homosexuel ? Puisque je suis aussi lui, je m’imaginais mal coucher avec une nana. Je trouve les mecs tellement plus attirants… Alors voilà… Va falloir faire avec !

Francis est sociable et séduisant, il attire de belles femmes, et il en profite. Mais elles aussi profitent de lui. A son détriment. Donc il reste célibataire. Il n’a pas confiance en elles. Seuls les mecs sont à ses yeux de bons copains, fidèles et fiables. Jamais il n’imagine associer à ces amitiés une quelconque attirance physique. Ressembler à une lopette, ce serait le sommet de la honte. Et la honte, il a donné, déjà dans son enfance. Mais l’amour tendre, tolérant et inconditionnel du biologiste Wally Baumann finit par craqueler son épaisse carapace. Il voit dans ce jeune scientifique introverti la part de féminité qui lui manque. Son ami devient son complément. Francis va oser faire un pas dans le vide. Wally va le rattraper. Ils vont partager tendresse, passion et vie commune. Un amour énorme et parfait, sans compter sur les gens cruels qu’ils vont croiser. L’intolérance, la provocation, la brutalité envers les gays deviendront leur enfer. Surtout celui de Francis, qui finit par rendre Wally responsable de ses tourments.

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16/10/2016

Lui et moi

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INTERROGATIONS (partie 1)

22 février 2012

Je regarde mon troisième carnet, bientôt terminé, avec une pointe de culpabilité. Francis Delphy continue d’occuper toutes mes pensées. Serais-je infidèle à mon mari avec ce personnage de papier ? Pendant plus d’un an, je me cache pour créer. Cette double vie me gêne. Je me sens si anormale. Mais elle prend trop de place, s’impose comme une évidence. A l’idée de la renier, je souffre. Un soir, je choisis de continuer à écrire dans mon petit carnet alors que mon époux entre dans mon atelier. Il n’émet aucun commentaire. Je lui explique que cela me permet de réunir des éléments pour une nouvelle histoire. Ma réponse ne suscite pas de question. Bien plus tard, j’évoquerai la trame très large de ce projet. Raconter la vie d’un homme que je « connais » depuis l’adolescence, croisé au hasard de la série télé préférée de ma meilleure amie. Je le prends tel quel, mais très vite, ses aventures débordent du cadre prévu par le créateur du feuilleton. Je m’approprie donc ce personnage, sans trop de scrupules puisque qu’il reste enfermé dans ma jeune tête. Il apparaît en dessins maladroits sur les reliques de mes cahiers d’école, cachés ensuite soigneusement dans l’armoire de ma chambre d’enfant.

Mais Francis revient, par périodes de quelques mois. A chaque apparition, il se précise et se singularise. Je me persuade qu’il ne m’appartient pas, pourtant je continue à raconter son histoire comme si elle était la mienne.

L’image de Francis Delphy n’est pas représentative de la moyenne. En tout cas pas des stéréotypes que la société montre des hommes, en général. Pourtant mon marin sait très bien faire la part des choses. Ses coups de gueule, sa rigueur militaire si bien démentie dès qu’il quitte son uniforme, son besoin de séduire les jolies femmes, cachent une sensibilité qui l’horripile. Tout ce qui n’est pas viril ne doit pas lui être attribué. Il redoute la honte plus que tout, plus que la mort. Son enfance, ponctuée de paradoxes, le perturbe encore. Il attire les situations les plus inconfortables, malgré lui. Il ne peut les comprendre qu’en y étant confronté, mais crie à l’injustice. Il apprend à tirer parti de ses faiblesses. Surtout quand elles lui ouvrent les portes sur des expériences fortes, agréables ou pas. Tant de chemins de vie sont possibles. Mais nous sommes parfois victime de nos choix…

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14/09/2016

Créativité

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IMPULSION (partie 2)

Tout est prétexte pour inventer une histoire. Une feuille de papier, même si elle est déjà imprimée d’un côté ou de petits cahiers que je fabrique moi-même avec deux agrafes. Mes jouets s’adaptent à mes jeux de rôles. Un nounours se transforme en cow-boy. Un bâton devient un bonhomme un peu maigrelet, mais téméraire. Des chevaux en plastiques prennent vie. Je crée des routes sur le tapis, et des tunnels en-dessous. Avec les Lego, je construis des maisons, des châteaux, des vaisseaux spatiaux.

Je n’ai que peu de poupées. Je ne les traite pas comme des bébés. Jouer à la maman ne m’est jamais venu à l’esprit. Je voulais être entourée d’animaux, même si ce ne sont que des peluches. Mes projections dans l’avenir ne me faisaient pas suivre un chemin traditionnel. Pas de mariage, mais plutôt une vie d’artiste, à créer et voyager sans contraintes.

J’avais dix-sept ans quand mon destin a croisé celui de mon futur mari, un soir de disco. Planquée dans un coin mal éclairé pour discuter avec une copine, je ne cherchais pas de compagnon. Un des responsables des lieux nous a bousculées pour ranger quelques chaises. J’ai levé les yeux vers lui pour lui grogner quelque chose, mais j’ai tout de suite reconnu celui que mon cœur attendait. Il s’est arrêté, a échangé quelques mots sympathiques. Je l’ai retrouvé plus tard sur la piste de danse. Avec lui, je trouvais une stabilité et une confiance que je ne pourrais pas trouver ailleurs. Cette certitude n’a jamais été démentie. Trente-cinq ans plus tard, Danny vit toujours avec moi.

Partage de nos passions humanitaires et sportives, puis mariage suivi d’enfant et d’animaux constituèrent les fondations de nos projets communs, cimentées par notre amour solide. Notre fille est arrivée quand nous l’avons désirée. Six ans plus tard, nous avons agrandi notre famille avec l’adoption d’un chiot berger allemand. Un serpent est venu partager notre quotidien durant onze ans, puis un cheval que ma fille a nommément acquis à ses dix-huit ans.

Ai-je pour autant renoncé à mes envies de création ? Impossible. Danny l’a bien compris. Il m’a épousée avec mes « mondes imaginaires ». Quand je m’échappe trop longtemps dans mes petits nuages, il me rappelle que la vie sur terre existe. Parfois, cet ancrage ne m’arrange pas, mais il a raison, comme toujours. La réalité peut être cruelle pour celui qui l’ignore. Sans lui, j’aurais été bien démunie !

Dans tout ce que j’entreprends, je crée, je vagabonde. Depuis toute petite. Devoir respecter une consigne, une règle, une convention, est très difficile pour moi. Je préfère toujours rendre les choses plus personnelles : un plat cuisiné qui ne ressemble pas au précédant, une image à colorier, un livre que je préfère écrire plutôt que de le lire, un habit que je vais adapter, une chanson que j’invente sur une mélodie entendue…

J’aime la musique. Ma sœur, puis mon frère ont pris des cours de piano. Comme je dessinais déjà beaucoup, mes parents n’ont pas estimé que je puisse en suivre en plus. Pourtant, dès que je me retrouvais seule à la maison, je m’asseyais sur le tabouret en velours rouge, les pieds trop hauts pour toucher les pédales. Je levais le couvercle du piano avec précaution, fascinée par les deux chandeliers appliqués sur sa face, dont les bougies blanches n’étaient jamais allumées. Les touches crème nacrées et noir m’inspiraient tout de suite. Alors je composais des mélodies, même si je ne savais utiliser qu’une seule main ou quelques doigts de chacune des deux, avec de grands efforts de concentration. J’espérais me rappeler ma musique pour pouvoir la jouer plus tard. Mais je ne savais pas écrire les notes. A la puberté, la période « compositeur » est tombée dans l’oubli. J’ai reçu un enregistreur à bobines de ma sœur, car elle venait d’acquérir un tourne-disque. Quelques années plus tard, j’ai passé aux cassettes à bandes magnétiques. Je pouvais soit les enregistrer depuis la radio ou par un micro, soit les acheter au même titre que les disques 33 tours, ce qui correspond aujourd’hui à un CD audio. Tout y passait. Au début, les cassettes de variétés de ma sœur ou de ma mère, puis j’ai découvert le pop-rock qui me plaît encore beaucoup aujourd’hui. J’alterne même le heavy et le fantasy-opéra avec le classique, surtout les symphonies. Sources d’inspiration adaptées à la scène que je dessine. Quand j’écris, je préfère ne pas écouter de musique. Tous mes sens sont canalisés dans la création et je n’entends plus rien.

Ecrire est important pour moi, afin de comprendre mes pulsions créatrices, dévorantes et incontrôlables. Elles m’accaparent au point qu’il m’est très difficile de rester sans penser. Mon cerveau ne connait pas le repos. Mes choix m’ont conduit à une vie sociale intéressante et active. La création ne pourrait y avoir qu’une place secondaire. Mais elle se révolte, pousse les barrières que le conventionnel érige. Et je laisse faire. C’est un pur bonheur.

Votre Carine

A bientôt, en octobre, pour la suite...

 

 

21/08/2016

Une personnalité tenace

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IMPULSION (partie 1)

26 décembre 2011.

Il est revenu. Celui qui m’inspire le plus. Celui dont la vie étonnante mérite d’être enfin révélée. Parmi tous les personnages de mes histoires, il s’impose pour la quatrième fois. Je ne résiste plus. Je prends un petit carnet vierge dans mon armoire et je commence à écrire. Puis je le dessine, encore et encore en cherchant le détail pour arriver à une ressemblance parfaite. Je veux à nouveau donner vie à ce sous-marinier, sans imaginer que j’irai jusqu’au bout. Pourquoi ne l’abandonnerai-je pas à la fin de ce récit, comme je l’ai déjà fait à 15 ans, à 24 ans, à 38 ans ? Parce que j’ai déjà dépassé largement la moitié de ma vie, je réalise que je ne veux pas mourir sans lui laisser une chance. Si je l’écris, l’histoire de Francis Delphy continuera de vivre dans l’esprit de ceux qui le liront. Il devient ma garantie d’immortalité. La sienne surtout.

Les vrais héros de mon enfance ont toujours été masculins. Je les découvre dans les livres, m’attache à ceux de la télévision, m’imagine dans leur peau. Une petite fille dans un corps de mec. Soudain de la puissance, du charisme ! Alors tout est possible, même au travers du plus terrible des scénarios.

Enfant, j’aime explorer mes limites physiques. Courir très vite, sauter très loin, ou très haut… ou le plus bas possible quand je grimpe. J’aime me salir, dire des gros mots, avoir l’air costaud… enfin costaude. Je montre mes muscles à mon frère qui éclate de rire. Il me propose un bras de fer. Il gagne, mais je résiste et j’en suis fière.

Quand il pleut, je m’abrite sous un capuchon. Je cache mes cheveux longs derrière mon cou. Un enfant dit à l’adulte qui l’accompagne : « Regarde, le garçon, il court sur la route ! » Le garçon, c’est moi ! Héhé… Pour rentrer de l’école, je dois marcher durant vingt minutes si je ne traîne pas. L’immeuble où j’habite se trouve dans le haut de la ville. Souvent, je passe au feu rouge. Je répète volontiers cette phrase : les lois sont faites pour être transgressées. Mais je pense tout de même qu’il ne faut pas que cela porte préjudice à autrui. Mon éducation catholique émerge de temps en temps. A juste titre. Je préfère baser mes relations sur l’amour et l’amitié. La méchanceté me rend malade.

Fillette à peine scolarisée, je me singularise et aime bien être entendue. Dans la cour de mon immeuble, les enfants me demandent conseil. Mon imagination les attire. Notre terrain se prête à tous les jeux. Nous habitons presque à la campagne, là où la nature en défriche trouve encore une place. Je deviens la meneuse des gamins de mon âge, garçons et filles, et aussi des plus jeunes. A l’école, je suis aussi bien entourée. Mon signe du Zodiaque me correspond à merveille. Le roi Lion au milieu de ses sujets.

Mais un jour, le roi Lion change de zoo. Nous devons déménager. D’autres habitudes, un autre accent, et plus de béton autour de ma nouvelle maison, situé en pleine ville. Trop de changement. Je perds mes amies, et mes repères. J’ai de la peine à m’intégrer. Plus que jamais, je ressens le besoin de m’évader dans mes aventures imaginaires. Je dessine, seule dans ma chambre. Je raconte dans des cahiers entiers, des récits parfois tragiques, et d’autres qui me font rire. Je lis beaucoup de romans et de bandes dessinées. Activités casanières qui n’effacent pas mon plaisir de sortir, surtout par beau temps, mais souvent seule. Mes copines se comptent à peine sur les doigts d’une main.

 

A suivre... en septembre.

Votre Carine